mardi 1 janvier 2013

Christophe Kantcheff

Ne pas suivre l’actualité, c’est aussi une préoccupation de Zinzolin ?


Simon Lefebvre

Oui, tout à fait. Ça pourrait être une ligne éditoriale : ne pas être esclaves de l’actualité. On partage là-dessus la même idée que Débordements. On ne se sent pas obligés de critiquer le film d’un auteur prestigieux qui sort. Pour continuer dans cette idée, ce qui nous intéresse est de prendre le cinéma de manière horizontale, c’est-à-dire de pouvoir accorder la même place, la même importance de discours à des films qui sont différents, de Fast furious 5 aux films de Wang Bing qui sont sortis cette année.

Ce n’est pas que les films, pour nous, se valent. Evidemment il y a des films que l’on trouve plus forts que d'autres qu’on trouve nuls, mais pour nous l’affaire de la critique, faire de la critique, ce n’est pas de dire que les films sont nuls mais pourquoi ils sont bons. C’est de voir comment ils sont traversés de cinéma, comment ils circulent entre eux, comment ils communiquent entre eux. C’est ça notre vraie préoccupation.

Dans les textes critiques, ce qui ne m’intéresse pas, c’est que le critique perd sa force et son temps à dire en quoi un film est nul. Alors que, pour le résumer autrement, ce que j’essaie de faire, c’est de dire : « Le film est mauvais, passons à autre chose, voyons ce qui le travaille maintenant, comment il résonne avec le monde, avec les autres films. » Ça rejoint la question, qui est sur le tapis, de la prescription de la critique.


Christophe Kantcheff       

Vous, vous avez fait un édito inaugural signé Arnaud Hallet où il est question de ligne éditoriale, mais où il est dit que vous ne savez pas exactement de quelle ligne il s’agira. 



Simon Lefebvre

Le site est créé, mais il continue de se créer. C’est quelque chose qui nous tient à cœur à Zinzolin, à savoir qu’il faut tout le temps travailler la critique. La notion de revue de cinéma sur internet, il faut toujours la réinterroger. On ne peut pas dire que Zinzolin a été créé vraiment le 1er janvier [2012], il a été mis en ligne, mais ça continue de se créer, ça continue de se modifier. Le comité de rédaction se modifie, pas en termes d’effectif mais de politique, d’organisation.

Pour continuer dans cette idée, il faut savoir qu’au départ Arnaud Hallet, le fondateur du site, souhaitait que la revue Zinzolin soit une revue papier, peut-être juste un numéro par an. Ça ne s’est pas fait faute de financement. Du coup, on a trouvé, logiquement presque, pour des raisons économiques, notre place sur internet avec tout de même, pas une ligne éditoriale, mais une phrase qui dit beaucoup de choses sur Zinzolin. Pour ceux qui connaissent le site, il s’organise en fonction d’une phrase qui est écrite, à savoir : «  En salle, en dehors, nous rencontrons, partout, le cinéma éparpillé ». Chaque expresion de cette phrase constitue une rubrique et c’est aussi valable pour nous : c’est valable pour la logique de revue et les films, mais aussi pour les rédacteurs qui la composent. C’est presque : Arnaud Hallet a rencontré les critiques des spectateurs éparpillé(e)s partout. On ne partage pas tous la même haute idée d’un cinéma ou du cinéma. S’il y a une ligne éditoriale, c’est d’essayer de réunir le cinéma éparpillé dans l’écriture. La vraie question qui nous travaille, ce sera sur la critique, éviter la prescription, travailler les films autrement.