Accréds


L'actualité des festivals de cinéma



Christophe Beney
photo © Manon Lemonnier, FIF 85 2012
Internet a finalement été inventé trop tard. Cinquante ou soixante ans trop tard. Pendant des décennies, des festivals ont été créés et ont grandi sans ce relais pourtant idéal. C’est maintenant que le réseau est là qu’il faut se rendre compte, plus que de sa réactivité – une friandise au regard du reste –, de la multitude des approches qu’il autorise. Le rubricage n’a plus de valeur. On ne segmente plus en espaces distincts, mais en temps.

C’est le parti-pris de la homepage d’Accréds : en haut le rémanent, puis en-dessous, le persistant, le ponctuel, et enfin l’éphémère avec twitter. Ces temps sont ceux des festivals, des rétrospectives, des films naissants et qui s’épanouiront plus tard en salle, de l’anecdote, de la réflexion. C’est aussi le temps d’une nouvelle liberté pour le cinéphile désormais explorateur, voué à traverser des strates plutôt qu’à tourner des pages. Des maîtres qui ne nous ont rien demandé les ont traversées à leur manière. André Bazin les a creusées obstinément à la recherche d’une momie qui expliquerait tout. Serge Daney les a franchies en passe-murailles, alternant terrain de sport et salon où trône le téléviseur, quotidien et trimestriel. Internet rend translucides toutes ces strates qui auraient toujours dû l’être.

Sur le Web, la cinéphilie n’avance pas, elle retourne à des sources qu’il nous appartient – auteurs, lecteurs, mais la barrière entre les deux n’est-elle pas en train de tomber ? – encore de chercher. Et plus que jamais, nos plus illustres prédécesseurs, Daney en tête, doivent nous servir d’éclaireurs.


Christophe Beney
co-fondateur d'Accréds