mardi 1 janvier 2013

Christophe Kantcheff

A part la distinction visuelle, sur la philosophie générale ? Parce que le fait de ne pas suivre l’actualité, apparemment ça signifie quand même une distinction très forte par rapport à la presse papier. Mais est-ce qu’il n’y a pas d’autre grande différence que l’aspect visuel ?


Simon Lefebvre


Débordements fait plus la jonction entre la critique et l’analyse universitaire que Zinzolin. Le mot « éparpillé » renvoie à une forme très courte de textes, de billets, de photos, presque parfois ludique. On y trouve peut-être moins ce côté qui tente de communiquer avec l’analyse universitaire.


Raphaël Nieuwjaer

En fait, la différence est assez simple. On publie des textes relativement plus longs.

Je trouve que Zinzolin, d’une certaine manière, est plus libre éventuellement dans ses formes. Il a la possibilité d’inventer des choses que nous ne publierions pas. La différence se fait vraiment là.

Même si je respecte tout à fait le travail de Zinzolin, on ne publierait pas ce qu’ils publient et je pense qu’ils ne publieraient pas ce qu’on publie. Il y a une manière différente d’approcher. Il est arrivé qu’il y ait dans Zinzolin des poèmes, des manières différentes de travailler le rapport entre la vidéo et le texte, des choses que nous ne faisons pas.

Après, la critique est une part importante qui constitue à peu près la moitié des textes que l’on a publiés jusqu’à présent mais qui ne constitue pas toute notre activité de publication. Il y a aussi des textes de « recherche pure », des trucs universitaires sur des questions assez pointues sur les rapports du cinéma et de la vidéo qui n’intéressent pas forcément tout le monde, je m’en rends bien compte. Mais en même temps, je pense qu’à l’intérieur du site, il y a une circulation entre tout ça et que la critique se nourrit de ce travail universitaire. Voilà ce qui nous intéresse aussi c’est de rendre poreuses ces distinctions, ces frontières. D’une certaine manière puisque Daney était un peu le nom qui nous rassemblait, c’est aussi ce qui s’est produit avec Daney, puisque finalement de critique, même de presse quotidienne, il est passé dans l’université. C’est un des très rares critiques avec Bazin dont les textes sont parvenus à l’université, même s’il y a des universitaires qui sont très critiques sur Daney. C’est quelqu’un qui est revenu à l’université. Je pense que Daney n’aimait pas beaucoup les universitaires. Trafic se défendait d’être une revue universitaire, même s’il y a des gens qui sont à l’université qui écrivent dans Trafic.

C’est une distinction qu’on essaie de résorber un peu, on essaie de montrer qu’il y a une circulation dans la réflexion. Tout le monde a fait des études en cinéma à l’université, ce serait un peu illusoire de se dire « Nous, on fait de la critique pure, on n’a rien à voir avec l’université. » Après, c’est aussi au niveau de l’exigence de ce qu’on va travailler dans un texte, on met des notes de bas de page, des références à des textes. Parfois, ça peut sembler un peu prétentieux. Qu’est-ce qui distingue la catégorie « rubrique » de la catégorie « universitaire » ? Ce n'est pas forcément grand-chose. Parfois on commence un texte et on se rend compte qu’il va être très long et on le met dans la catégorie « recherche ».