dimanche 30 décembre 2012

Christophe Kantcheff

On va reprendre sur la question des équipes pour Accréds. J’ai l’impression que des quatre, c’est le site le plus « professionnel », disons, avec une vocation professionnelle. Du coup, commencez par la question de l’aspect économique.


Christophe Beney

Si ça semble professionnel, c’est que nous sommes de très bons faiseurs. On se comporte comme des professionnels, mais c’est vrai qu’on ne se repose pas sur une structure d’entreprise avec des équipes rigides, des entrées d’argent régulières, un planning financier parfait. En revanche, on a eu la chance de pouvoir s’appuyer sur des amitiés ou des partenariats qui nous ont rendu de précieux services. Par exemple, le site internet dont on dispose à l’heure actuelle, est le cadeau d’une entreprise parisienne, GSKL, que notre démarche a convaincue, et qui, gratuitement a réalisé pour nous le site internet que nous voulions. Ça, c’est quand même un précieux cadeau ! On avait le choix entre une console de jeu et un site internet, on a choisi le site.

Jusqu’à présent, on ne le regrette pas. Un site internet qui nous permet ensuite de faire facilement ce qu’on veut à l’intérieur, parce que nous ne sommes pas webmaster. Nous sommes journalistes, on comprend la technologie jusqu’à un certain point et surtout, on ne veut pas être limités par cet aspect. Si on passe trois heures à écrire un article et qu’il faut douze heures pour le mettre en ligne, ce n’est pas possible. Il faut qu’on puisse passer un quart d’heure tout au plus à le mettre en ligne parce que, et ça c’est l’un des bénéfices ou un des défauts de l’organisation d’internet, un rédacteur contrôle son article de la première ligne jusqu’à la livraison totale. Ce n’est pas du business to business, mais c’est directement du producteur au consommateur sans aucun intermédiaire, à part nos relectures mutuelles, parce qu’on travaille évidemment en équipe.



Christophe Kantcheff

Dans la sociologie du travail, on appelle ça aussi l’individuation du travail, c’est-à-dire quelque chose qui coupe les solidarités. Ça peut être aussi négatif.



Christophe Beney

Exactement, ça peut être aussi négatif.

Alors on contrebalance ça par une âme profondément communiste, une collectivisation du travail, partage des bénéfices, partage de la nourriture, partage des lits, on a une organisation très solidaire. Ca permet de contrebalancer ce risque d’individuation, d’individualisation qui donnerait un site fragmenté à l’arrivée. Or, ce n’est pas le but.

C’est pour ça aussi que nous n’avons pas de manifeste, c’est pour ça que nos présentations se limitent quasiment à nos noms parce qu’on a envie qu’Accréds existe comme une entité qui vaut pour elle-même et pas seulement un endroit où chaque rédacteur essaie de tirer son épingle du jeu. C’est une approche dont l'humilité est destinée à tempérer nos egos (démesurés évidemment, sinon nous ne serions pas critiques).

Au comité de rédaction, nous sommes trois, les trois co-fondateurs du site et nous avons pu bénéficier au fil du temps d’un petit réseau de rédacteurs, cinq, six personnes environ qui sont choisies d’abord pour des raisons sentimentales. Les qualités rédactionnelles comptent, mais il faut une vision du cinéma, un même humour, et qu’il y ait des affinités qui se créent avant d’écrire pour le site. Parce qu’on a un fonctionnement, comme je vous dis – le fait de courir les festivals – qui implique une vie en commun. On ne nous envoie pas un article par e-mail, voilà il est fini, publie-le. Non : on passe nos journées ensemble. Donc il vaut mieux que ça se passe bien.