lundi 31 décembre 2012

Christophe Kantcheff

Raphaël, il y a un refus très fort du social dans votre intervention, de la légitimation sociale et ce qui est amusant, c’est que d’une certaine façon, on est en train de vous légitimer socialement sur cette scène. Donc, vous n’y échappez pas.


Raphaël Nieuwjaer

J’avais parlé de cette invitation qui nous réunissait sous le nom de Daney. La question c’était, Serge Daney, vingt ans après : la critique sur internet. On peut se demander quel est le rapport entre Serge Daney et la critique sur internet. C’est sûr qu’il s'est écoulé vingt ans depuis sa mort, mais en même temps… Le fait d’associer Daney à notre présence, c’est une manière de légitimation, c’est certain, puisque notre lectorat est relativement limité. Il y avait une procédure de légitimation, mais en même temps comme l’a dit Emmanuel Burdeau, c'était une manière de répondre à ce qui s’est passé à la Cinémathèque. Moi, je ne me situe pas du tout dans ce jeu de question-réponse. Je suis très content d’être invité, de pouvoir discuter. Finalement, la prochaine étape, c’est que soient indifféremment invités des gens qui écrivent sur internet ou sur le papier et qu’ils soient là parce que ce qu’ils font est intéressant.

Je ne reviendrai pas sur ce terme d’allié qui a pu évoluer au fur et à mesure des interventions, je n’ai pas tout lu, mais c’est vrai qu’on retrouve une certaine forme de consensus pour dire : « Oui, ce qui se passe sur internet c’est très bien » même si les gens ne lisent pas forcément. Je suis bien conscient que tous les gens de la presse papier ne passent leur temps sur internet à lire ce qui se passe. Moi-même, je ne passe pas mon temps à lire tout ce qui est écrit dans la presse papier parce que ça prend énormément de temps, ce n’est pas forcément très intéressant. Il y a tout un processus de légitimation sociale où les critiques se reconnaissent entre eux, se nomment, répondent à l’appel d’une certaine manière. Moi, j’ai répondu à l’appel de Sidy Sakho au nom de la revue parce que je trouvais que c’était une initiative intéressante, qu’il y a des choses très intéressantes qui s’y disent. 

On habite tous à Lille, ça nous place assez loin du jeu des croisements aux projections de presse. On voit les films comme tout le monde quand ils sortent, ce qui fait qu’on en parle une semaine, deux semaines après leur sortie. On ne va pas spécialement aux avant-premières. Bref on ne participe pas trop de tout ce jeu social. On fait nos trucs, on est assez contents qu’il y ait de plus en plus de lecteurs. Qu’on ait ce genre de reconnaissance, c’est la reconnaissance de notre travail, après on s’inscrit pas du tout dans un jeu social où il y aurait des places à récupérer.