lundi 31 décembre 2012

Christophe Kantcheff

Sidy, vous, vous tenez un blog maintenant ?


Sidy Sakho

Difficile pour moi de parler de mon blog sans partir de ma participation durant quatre ans à Il était une fois le cinéma.com, un site qui, lui, avait vocation à couvrir toute l’actualité du cinéma, à l’instar d’autres comme Critikat.com, où officie notamment Mathieu Macheret. 
Sans en être le fondateur, disons que je connais l’état d’esprit de départ de ce site, qui avait lui-même commencé sous la forme d’un blog. Jean-Michel Deroussent, jeune homme passionné de cinéma, avait pour motivation première, lors de la création de l'association du même nom puis du site, de publier des mémoires. Les siens, ceux de ses amis, d'amis d'amis, d'inconnus… Jusqu'à ce que s'impose avec le temps l'envie d’élargir son audience. Il a voulu parier sur la possibilité de créer une vraie revue de cinéma en ligne, en ayant accès aux projections de presse, en établissant un contact régulier avec les attachés de presse, en constituant une équipe, avec rédacteur en chef, relecteurs, chefs de rubriques, rédacteurs réguliers ou occasionnels, conseillers éditoriaux. Il y est parvenu à l’usure, avec l'aide du comité de rédaction, au bout d’une bonne année. Je suis arrivé à peu près à cette période où le site commençait à trouver son identité, installer son rythme de croisière. Au bout d’un an et demi, suite à nombre de bouleversements au sein de l'équipe d'origine, je suis donc devenu rédacteur en chef d'Il était une fois. Et lorsqu’on devient rédacteur en chef d’une publication, quelle qu'elle soit, on se pose tout de suite au moins cette question : « Par où commencer ? »

Je ne me suis jamais posé la question de me distinguer des revues papier, au contraire. N’ayant, avant de commencer à écrire, lu que des revues papier, je ne pouvais me soustraire totalement à leur influence. Il me fallait donc commencer par réfléchir à ce que l’on appelle la « ligne éditoriale », même si ce terme reste à redéfinir encore et encore. On peut à ce sujet parler de la périodicité. Sur un médium aussi actif qu'internet, on ne peut, sous peine de mort du titre, absolument pas se permettre d’être mensuel. La couverture de l’actualité, la sélection hebdomadaire des films prioritaires devient donc très vite la matière première de ladite ligne.


Au bout de quatre ans, j’ai eu besoin de partir ailleurs, de me libérer de cette pression trop grande au vu des conditions précaires d'animation du site pour revenir un peu à moi-même, à mon besoin de départ d’écrire, tout simplement. Il me fallait comprendre à nouveau ce qui m’avait amené à vouloir écrire sur le cinéma. J'ai alors ouvert ce blog,  [ Ceci dit (au bas mot) ], où il fut dès le départ évident que je parlerais avant tout des films vus tout au long de mon déjà long parcours de spectateur et méritant, que je les aime ou non, que je leur consacre enfin un article digne de ce nom. Mais je ne voulais pas non plus faire de ce blog le seul lieu de Sidy Sakho, mon petit territoire tout égocentré. J’avais, pour reprendre mon terme d'introduction, envie de créer de la rencontre et, pourquoi pas, de la rencontre avec d’autres personnes qui font la même chose que moi, sur le net, sur le papier... des personnes très connues, des personnes pas connues du tout, des personnes qui adorent Godard, des personnes qui détestent Godard.

J’ai très tôt été interpellé, lors des projos presse, par le silence parfois pesant qui y règne  On est réunis dans une même salle, mais rien ne circule avant ou après le film. On se dit « bonjour » à la rigueur, si l'on est pas trop mal luné, tout en se jetant des regards de killers du coin de l’œil (j'exagère à peine !). J’ai du coup, toujours par curiosité, voulu comprendre, comme un enfant un peu naïf ou un idiot du village, c'est selon, ce que disait ce silence, de nous, « les critiques », mais surtout de notre contemporanéité, du partage finalement pas si simple de cette passion et cette discipline nous réunissant tous les jours dans une même salle. Y a-t-il  réellement opposition ou le motif de cette non-circulation, cette non-communication est tout bêtement inhérent à notre « profession » (immenses guillemets) ? Y avait possibilité d’instaurer un dialogue, sur mon modeste blog, avec une poignée de confrères, au moins ceux que je connais par la lecture régulière de leurs texte ? Est-ce que quelque chose de notre expérience commune de l'écriture sur les films est partageable ? Le titre de cette forme de rubrique, de cette « série »  – comment la qualifier ? – que j’ai lancée cet été, « Paroles d’alliés » repose sur ces questions. J’ai déjà interviewé les fondateurs de Débordements (Raphaël) et Revue Zinzolin (Arnaud Hallet) ainsi que Nathan Reneaud d’Accréds mais convierais  volontiers  mes deux autres camarades, Christophe et Simon. On en reparlera si vous voulez.