dimanche 30 décembre 2012

Christophe Kantcheff 

Sidy, les équipes, c’est vous ?


Sidy Sakho

Oui. Depuis six mois, je suis ma seule équipe. C’est assez plaisant et reposant car il n’y a rien à négocier sinon avec soi-même. Pour avoir officié plus de quatre ans en équipe, je sais de quoi je parle. Je voudrais quand même dire ici que je ne suis pas "contre" l’actualité, il y a même souvent quelque chose de jouissif dans le positionnement d'une rédaction pour ou contre un film au moment de sa sortie.

Dans Il était une fois le cinéma, on avait un comité de rédaction. On avait trois rubriques. J’étais entouré des chefs de rubriques avec lesquels je parlais régulièrement des choix à faire, effectivement des films à défendre impérativement, des films à rattraper si on les avait manqués en projection de presse. Ce travail de préparation en amont de la sortie, de mise en place d’un "coup", de négociation d’une grande rencontre avec un cinéaste, de gestion de l’inattendu a quand même quelque chose d’excitant. Je ne pense pas qu’internet doive sonner le glas de la critique de cinéma, du journalisme de base. On avait des réunions de rédaction régulières avec les membres principaux de l’équipe afin de se faire une idée des goûts et dégoûts de chacun. Parce que, mine de rien, sur le net comme ailleurs, voisinent dans un même support des sensibilités, des personnalités très différentes, pouvant logiquement aboutir à de très fortes oppositions. Ce n’est pas toujours facile à gérer, ça peut même être épuisant sur le long terme lorsque l'on avance dans une zone aussi mouvante et insécure qu'un site.

Sachant qu'Il était une fois le cinéma n’a aucun revenu publicitaire, que tous ceux qui y collaborent sont et resteront bénévoles, il n’est pas évident d'y occuper longtemps un poste à lourde responsabilité (rédac chef, mais tout aussi bien chef de rubrique, relecteur...). Les rédacteurs n’ayant d'une certaine manière pas grand-chose à perdre en cas de discorde avec la direction, sinon une place de contributeur bénévole, avoir une réelle autorité sur le long terme, garder soi-même la motivation de motiver les troupes n’est pas chose évidente. S’il y a des jeunes parmi vous qui aspirent à devenir critiques de cinéma, je me permettrais amicalement de vous leur conseiller une option numéro deux. Quelque soit le support, le titre pour lequel on écrit, la fonction reste très précaire. Difficile de se consacrer pleinement à cette activité. Moi-même, jusqu'à cette rentrée, j’étais assistant pédagogique dans un collège. Soit une activité très extérieure à la critique, même si des occasions peuvent se présenter de mettre en valeur cette vocation lors de rares sorties culturelles.