lundi 31 décembre 2012

Christophe Kantcheff 

Est-ce que vous arrivez facilement à avoir cette gymnastique intellectuelle d’être sur le plan journalistique dans la réactivité pure qui est le sport le plus couru parmi les journalistes sur internet et, d'un autre côté, de prendre le temps et la durée que nécessite le travail critique, qui, lui, s'inscrit dans la durée ?


Christophe Beney

Ça se fait naturellement. On est guidés par la programmation des festivals. Je vais prendre deux exemples simples quand on parle de réactivité. A la dernière Mostra de Venise le film d’Harmony Korine était présenté et au casting figurent Selena Gomez et Vanessa Hudgens qui sont des jeunes femmes probablement très intéressantes ; le problème n’est pas là, ce qui est important c’est qu’elles ont une notoriété telle, qu’il faut qu’on parle d’elles immédiatement. Donc il faut être réactif. S’il y a une vidéo, il faut donner la vidéo parce qu’on a des lecteurs qui attendent ça.

Mais on a aussi la possibilité d’être dans le long terme.

Un autre exemple serait celui d'Holy Motors où on a eu toute une succession de répliques sur le site. On en a rendu compte de suite au moment de sa projection à Cannes, on est revenus dessus au moment de sa découverte en salle, on est revenus dessus encore une fois après, ce qui nous a permis de développer un tryptique qui rend compte d’une manière plus complète, plus fidèle du film.

Donc on fait ce grand écart permanent et je dirais qu’on n’a pas besoin de se poser la question de quand le faire et dans quelles circonstances le faire. Ça se dégage parce que la vie du festival fait qu’on nous pointe du doigt ce qui doit être dit immédiatement et on nous invite à laisser infuser d’autres rencontres, d’autres films pour essayer de développer un discours plus pertinent.