dimanche 30 décembre 2012

Christophe Kantcheff

Sur l’injonction par rapport aux films qu’on veut rattraper, c’était moins dans l’idée qu’on veut rattraper un film oublié, qu’on trouve important finalement et qui n’aurait pas été traité, que – dans la mesure où, en l’occurrence, vous parlez beaucoup de la critique, vous la pensez – de réagir à la façon dont un film a été reçu dans la presse papier et sur d’autres sites que vous trouvez très problématique ou discutable. Et là, vous dites, : « Il y a vraiment quelque chose à travailler sur la manière dont le film a été reçu » pour essayer de démonter un phénomène médiatique, même si vous ne découvrez pas la lune… On sait un peu comment ça fonctionne, mais sur quelques exemples précis, c’est toujours très intéressant.



Sidy Sakho

On avait tenté quelque chose à l’époque d’Il était une fois. Il y avait bien la publication d’une critique "officielle" au moment de la sortie mais on n’était pas contre publier ensuite, deux à trois semaines après, pas exactement une "contre-critique" s'opposant frontalement à l'article précédent, mais un texte à froid, un article revenant avec un peu plus de recul sur le film, éventuellement sa réception. Il ne s'agissait pas forcément de parler directement des articles publiés dans la presse mais d'essayer de se dire en quoi un succès était attendu ou non, en quoi nous avions nous-mêmes suivi le mouvement, là où on aurait pu avoir une approche un peu plus décalée. C’était le lieu, non pas des regrets, mais d’une critique de notre propre système, je crois assez intéressante, permettant surtout de montrer qu’il existe souvent, comme je le disais tout à l’heure, de réelles divergences au sein d'une rédaction. 

Je pense que le consensus est de toute façon illusoire. On essaie en cas de "crise interne" de faire bonne figure pour ne pas perdre le lecteur mais je pense qu’en définitive, la critique est fondamentalement le lieu de la discussion et de l’opposition. Chaque article, d’une manière ou d’une autre, parle aux autres. Lorsque l’on décide d’écrire à son tour, de parler à son tour des films, c’est aussi pour interpeller le confrère, le collègue. La critique ciné n’est pas du tout, ou en tout cas ne devrait pas être le lieu de la solitude ou de l’égocentrisme. Fondamentalement, cette discipline a pour vocation de conduire à de l'ouverture, du débordement.